03 Mai 2d tour présidentielle : l’analyse émotionnelle des électeurs au-delà des déclarations des sondés
Une étude menée par le groupe Othello apporte un éclairage inattendu sur les motivations des électeurs, au-delà des simples déclarations d’intention de vote. L’expérience a permis de mesurer le type et l’intensité des émotions générées par les candidats. Les résultats montrent par exemple qu’Emmanuel Macron est le candidat qui suscite le moins d’émotions négatives auprès de l’ensemble des électeurs, même chez ses opposants déclarés.
En s’appuyant sur le fruit de plus de quarante années de recherche en sciences sociales, Othello a mesuré les émotions d’un panel d’électeurs lors du visionnage d’interviews des deux candidats présents au second tour de l’élection présidentielle.
L’indécision des électeurs et la mobilisation des abstentionnistes constituent l’un des gros enjeux de ce second tour de l’élection présidentielle. A ce titre, les réactions émotionnelles des électeurs indécis sont révélatrices, notamment sur les thématiques les plus clivantes (réforme de l’ISF et de l’éducation pour Emmanuel Macron ; abandon de l’euro et fermeture des frontières pour Marine Le Pen).
Du côté d’Emmanuel Macron, la réforme de l’ISF semble ainsi plus apte à convaincre les indécis que ses propositions sur l’éducation. Quant à Marine Le Pen, sa proposition de retour à une monnaie nationale convainc davantage les indécis que celle de rétablir les contrôles aux frontières nationales pour lutter contre le terrorisme.
Dans les deux cas, ce sont donc les thèmes économiques qui apparaissent comme les plus importants à cette frange de l’électorat.
Graphique 1 : Emotions positives et négatives des électeurs indécis, selon la thématique abordée*
*Les échelles verticales des graphiques diffèrent
- La réforme de l’ISF proposée par E. Macron convainc plus les indécis que ses propositions sur l’éducation (plus d’émotions positives / moins d’émotions négatives suscitées).
- M. Le Pen semble davantage les convaincre sur sa proposition de retour à une monnaie nationale que sur sa proposition de remise en place de frontières nationales pour lutter contre le terrorisme (plus d’émotions positives / moins d’émotions négatives suscitées).
Une série d’analyses a également été réalisée sur l’ensemble des électeurs du panel lors du visionnage d’extraits vidéo des candidats dans deux contextes : une prise de parole sur un sujet relativement neutre (rôle du médecin généraliste dans le système de santé) et le discours tenu par chacun après l’annonce des résultats du premier tour de l’élection.
Emmanuel Macron génère ainsi des premières réactions émotionnelles plus favorables que Marine Le Pen. Plus précisément, il suscite notamment moins d’émotions négatives, donc de rejet, que son opposante.
Graphique 2 : Emotions négatives vs positives de l’ensemble des électeurs du panel*
*Les échelles verticales des graphiques diffèrent
A extraits comparables, E. Macron suscite moins de rejet du panel (et légèrement plus d’adhésion / émotions positives) sur sa personne que M. Le Pen
Par ailleurs, les électeurs du panel qui sont certains de voter pour Marine Le Pen au second tour semblent, étonnamment, réagir positivement au candidat Macron.
Graphique 3 : Emotions positives des électeurs certains de voter pour M. Le Pen
Les électeurs du panel certains de voter pour M. Le Pen réagissent « étonnement » positivement aux extraits portant sur la personne d’E. Macron
Enfin, du côté des indécis du panel, Emmanuel Macron détient un avantage en suscitant moins de rejet que Marine Le Pen auprès de cette frange d’électeurs.
Graphique 4 : Emotions négatives des électeurs indécis
A extraits comparables, E. Macron suscite moins de rejet sur sa personne que M. Le Pen auprès des électeurs indécis du panel
Méthodologie
L’étude a été réalisée en ligne sur un panel de 217 participants représentatifs de la population électorale française, du 26 avril au 1er mai 2017. Le groupe Othello a enregistré leurs émotions, seconde par seconde, via leurs webcams, alors qu’ils regardaient des extraits vidéo des deux candidats. Il a ensuite analysé ces émotions en détail à l’aide d’une méthodologie scientifique s’appuyant sur les recherches les plus poussées en sciences sociales.