12 Jan Dirigeants : faites des vœux un exercice stratégique
Adresser ses bons vœux à l’occasion du nouvel an est une épreuve de communication à laquelle un dirigeant ne peut se soustraire. Cette tradition est si enracinée dans notre culture qu’y manquer semblerait une faute de goût. De plus, elle fait partie de ces trop rares occasions pour un patron de s’adresser à l’ensemble de ses collaborateurs et salariés. Exercice périlleux s’il en est, il faut donc aussi voir la tradition des vœux comme un moment privilégié dans la perspective d’une communication stratégique de l’entreprise. Dès lors, comment en tirer pleinement partie ?
Un exercice de communication à part entière
Lors d’une cérémonie de vœux, c’est bien à un exercice de prise de parole en public que se livrent les dirigeants. Face à tous leurs salariés, ils doivent s’assigner un but particulier, et non simplement « souhaiter leurs meilleurs vœux » par seul respect des traditions, au risque d’en faire une formule totalement vide de sens. Le dirigeant cherche-t-il à corriger son image ? A intégrer de nouveaux collaborateurs ? A préciser une nouvelle orientation, ou en suggérer une nouvelle ? Seul un objectif clarifié permet d’élaborer un message adapté, et de mobiliser en conséquence les techniques de communication appropriées. De là découlera le style que le dirigeant souhaite donner à l’événement (convivial, ou avec un cachet « formel »), et le lieu choisi en conséquence.
L’art de faire court et soigné
Quoi qu’il en soit, la règle d’or est de faire court et soigné. Notre Président s’est lui-même senti obligé de s’excuser pour la longueur de ses vœux, enregistrant une nouvelle capsule d’à peine une minute. Les vœux ne sont pas un thème propice aux discours fleuves. La brièveté est de mise. Dix minutes offrent une durée largement suffisante, d’autant plus si l’allocution filmée fait ensuite l’objet d’une capsule vidéo.
Mais « court » ne rime pas avec avec « bâclé ». Aussi brève soit l’allocution des bons vœux, les destinataires doivent ressentir dans le message ainsi délivré tout le soin qui y a été apporté. Comme toute communication, celle-ci doit être suffisamment préparée en amont (élaboration des éléments de langage, insertion de formules rhétoriques cohérentes, répétition du discours en situation). Attention, il ne faut pas confondre les vœux avec une réunion d’information ou un speech de motivation. Ni PowerPoint, ni grandiloquence ne sont autorisés. L’exercice est périlleux en cela : garder un ton juste et mesuré, sans être ennuyeux pour autant. Voici 3 techniques (issues de la méthode OSOIC) permettant de structurer efficacement un message marquant :
3 techniques pour augmenter l’impact de vos vœux
1. La liste de 3
La liste de 3 est l’une des techniques les plus fortes pour exprimer une idée. Elle n’augmente pas seulement automatiquement le pouvoir de conviction de l’orateur, mais transmet également un sentiment de structure, de rigueur, de complétude. Vous pouvez formuler une telle liste à partir de 3 résolutions par exemple, ou encore, de façon plus pertinente, en évoquant 3 moments particuliers : un moment fort de l’année passée, une réalisation en cours en ce début d’année, la présentation d’un grand projet pour l’année à venir…
La liste de 3 se combine très bien avec l’anaphore, cette dernière permettant de construire aisément un paragraphe par la répétition d’un même mot ou d’un même groupe de mots au début de chaque phrase. Par exemple :
« Améliorer la qualité,
Améliorer la réactivité,
Améliorer l’écoute,
Voici nos souhaits pour 2018, que je vous souhaite pleine d’heureuses surprises. »
2. Les questions rhétoriques
L’utilisation de questions rhétoriques (c’est-à-dire de questions n’appelant pas réellement de réponses de la part de l’auditoire) permet de renforcer facilement l’impact de votre message : plutôt que simplement dire « Ce que nous souhaitons pour 2018… », une tournure interrogative implique le destinataire et crée une modulation vocale qui capte davantage l’attention, par exemple : « Que pouvons-nous souhaiter pour 2018 ? », « Que retenons-nous de 2017 ? », « Sous quel signe ouvrons-nous cette année ? », etc.
3. Les paradoxes rhétoriques
« Ce n’est pas ceci, mais cela… » Un paradoxe rhétorique est une manière puissante et subtile de marquer les esprits. Il s’agit de soulever une contradiction apparente, de créer une mise en contraste ou en opposition qui fait ressortir une subtilité, une nuance inattendue. En structurant votre message sous forme de paradoxe, vous donnez matière à penser, à méditer, et vous gagnez en pouvoir d’inspiration. Par exemple : « Une résolution pour 2018, ça ne veut pas dire prendre une décision aujourd’hui pour l’abandonner petit à petit au cours des prochains mois. Ça veut plutôt dire s’entraîner petit à petit, dès aujourd’hui, pour se rendre compte que cette nouvelle habitude sera enfin prise en 2019… »
Des vœux aux valeurs
Quel que soit le style, les techniques ou les éléments de langage utilisés, le point clef demeure de ne pas formuler des vœux « neutres » du type « meilleurs vœux », mais s’engager en plaçant ses vœux dans le cadre d’une valeur (ou concept mobilisateur) : « Que 2018 soit l’année de liens plus forts au sein de notre entreprise », « Que 2018 soit l’année d’une réussite collective impliquant tous les services dans un même projet », etc.
L’usage d’un paradoxe permet tout particulièrement de faire ressortir un concept mobilisateur. Il est également possible d’élaborer une métaphore inspirante à partir d’un concept mobilisateur. Le concept mobilisateur peut lui-même être répété au début (anaphore) ou à la fin (épiphore) de chaque phrase d’un paragraphe pour rythmer celui-ci et produire un effet d’insistance.
Toutefois, selon le protocole, il est préférable de ne pas évoquer l’aspect financier de la réussite. Ne parlez pas d’argent ou de rémunération dans vos vœux. Insistez davantage sur l’accomplissement, l’épanouissement, le plaisir ou encore l’échange. Et une cérémonie des vœux rondement menée en sera la meilleure marque.
Crédit photo : NordWood Themes